Pierres-Figures, 2010-2013

Ces curiosités naturelles, en renvoyant à la notion de protosculpture, c'est à dire à la collecte et à la modification de formes naturelles précédant la maîtrise volontaire de l'iconicité, pourraient très bien être à la source de l'art.

« En préhistoire, pour qu'une pierre-figure puisse être prise en compte en tant que telle, il faut qu'elle témoigne, d'une manière ou d'une autre, d'une intervention humaine :qu'elle soit découverte dans un niveau archéologique et que l'on ait la preuve qu'elle a fait l'objet d'un transport intentionnel, ou bien qu'elle porte les stigmates indiscutables d'une retouche ou d'une esquisse de travail humain prolongeant l’œuvre de la nature et la complétant dans le but d'en parfaire la figuration. »
« Il est pour nous difficile d'imaginer l'emprise que ces formations naturelles ont pu avoir sur l'esprit de nos ancêtres. En leur posant d'emblée la question de l'Auteur, elles les introduisaient sans doute dans le domaine des croyances, des mythes et des symboles. »
Michel Lorblanchet, Les origines de l'art

Trouvées lors de promenades-cueillettes en montagne, les lusus naturae de cette série n'ont fait l'objet d'aucune modification. Ces ready-made naturels, dont la seule intervention humaine à consister à leur découverte et à leur ''transport intentionnel'', pourraient bien être à la source de l'art, en cela qu'ils auraient précédé de plusieurs milliers d'années les premiers gestes artistiques attestés.
Si cette hypothèse s'avérait fondée, alors il ne serait pas invraisemblable d'envisager que les ready-made de Marcel Duchamp étaient bel et bien révolutionnaires, en cela que le principe de la révolution, c’est de faire un tour complet à 360°.
Ainsi les ready-made, posés par leur initiateur comme une étape de rupture au sein de l'histoire de l'art, seraient en l’occurrence actes d'un retour aux sources de tout art, le chaînon manquant venant boucler la boucle d'une quête commune remontant à la genèse de l'humanité.
Et après?