Etape 4 - Réduire la fracture, 2017

argile, 43x17x13cm

Les montagnes se purgent plus ou moins régulièrement de tonnes de pierres. C’est l’érosion par fracturation.
Le projet ‘’Réduire la fracture’’ consiste à prendre des empreintes partielles de ces falaises résultant d’éboulements rocheux.
Les pierres dont s’est délestée la montagne ont créées des entailles dans la masse rocheuse.
Ce sont ces absences, ces vides, dont je viens faire le moulage.
Pour prendre ces empreintes, le matériau qui s’est de nouveau imposé est l’argile. Le même que celui utilisé dans les étapes 2 et 3
du projet ‘’répéter la montagne’’. Cet argile, récolté à proximité de mon atelier, est le fruit de plusieurs centaines de milliers d’années
d’érosion naturelle, constitué de très fines particules de roches retirées à la montagne.

Prendre l’empreinte de ces vides, cela revient à reconstituer ces absences, à recréer ces membres fantômes
que sont ces rochers arrachés à la montagne.

A première vue, ces moulages prennent l’aspect de cailloux tout ce qu’il y a de plus communs. Mais en choisissant avec soin
les entailles à mouler, j’oriente le résultat final et décide de donner à ces pierres reconstituées l’apparence de montagnes miniatures.
De ce fait, je m’inscris dans une pratique proche de l’art japonnais du Suiseki. Art séculaire consistant à rechercher
des pierres dont la forme est capable de suggérer, sans aucune retouche, un univers microcosmique, un paysage de montagne.

Ou comment l’empreinte d’une fracture de la montagne (macrocosme), vient engendrer une nouvelle montagne (microcosme).

"La beauté [des pierres] est spectrale, elles sont mortes, elles deviendront nourriture, dans les profondeurs sablonneuses des rivières, des lacs, des mers, pour de nouvelles montagnes."
Giuseppe Penone, Respirer l'ombre